Paul Rabier est un homme quasi désespéré.
Au chômage depuis trois mois, il ne touche plus que 800 euros mensuels.
Depuis que du jour a lendemain il a sombré dans la pauvreté, autant dire la misère, il a même songé au suicide.
Heureusement grâce à son téléphone portable, dernier lien avec le monde des vivants, il garde le contact avec sa famille, se confie à ses amis.
C’est ce qui le sauve du naufrage moral.
Au bord de la dépression, chaque matin dés le lever il surfe sur INTERNET très haut débit à la recherche d’un nouvel emploi mais sans grand espoir de retrouver son ancien salaire...
Alors il se change les idées en s’offrant un restaurant pas cher le soir. Un restaurant simple où on ne sert que des plats rustiques accompagnés de jus de fruits basiques.
Restaurant de crise.
Comme il en fleuri de plus en plus dans certains quartiers défavorisés, malheureusement...
Un restaurant de pauvres où il se rend de plus en plus souvent afin de ne pas demeurer seul à se morfondre dans son appartement trop vaste pour sa solitude de chômeur. Avec les bouquets de chaînes de sa télévision lui montrant tant de gens heureux -ce qui accentue sa détresse-, son écran d’ordinateur aux lueurs blafardes et en bruit de fond le sempiternel ronronnement de son frigo...
Cet été il ne partira pas en vacances et ne pourra pas davantage offrir de cadeaux à ses neveux pour les fêtes de fin d’année...
Dur. Très dur.
Ses chers neveux survivront-ils au séisme ? Leur équilibre psychologique résistera-t-il à l’outrage socio-économique ayant dévasté leur infortuné oncle ? Rien n’est moins sûr.
Hanté par la perspective de ne pas voir ses neveux sourire au prochain Noël devant les cadeaux, notre martyr noie ses idées noires dans la bière. En canettes. Hé oui... Finies les bières pression commandées au bar du coin entre copains ! Désormais c’est à l’hypermarché qu’il se fournit.
Bières de crise.
Depuis qu’il est dans le besoin Paul Rabier remplit le coffre de sa voiture de produits de première nécessité : pâtes, riz, conserves, lait, yaourts, jambon, céréales, viennoiseries, plats préparés, Nutella, pizzas, confiseries, chocolat, glaces.
Pas d’extra.
Rien que le strict minimum. Et autant que possible en format familial, plus économique.
La gorge serrée dès qu’on évoque sa situation catastrophique, Paul Rabier fait malgré tout face à sa situation dramatique avec une grande dignité. Douloureusement conscient de faire désormais partie des français pauvres avec ses maigres 800 euros mensuels, il fait preuve d’un rare courage. Résigné mais philosophe, il se dit qu’il a encore la santé et que c’est beaucoup. Pudique consolation devant le désastre de sa situation sociale... Certes il a la santé physique, mais moralement très atteint il est détruit, ravagé. Pour lui la vie n’a déjà plus de sens. Mais il sauve au moins les apparences. Question d’amour propre.
Cela dit, afin de ne pas sombrer totalement dans la sinistrose aigüe, Paul Rabier envisage finalement de partir en voyage. Pas loin bien sûr et certes pas en classe “confortable”. Mais partir, partir histoire de ne pas étouffer, de conjurer le sort, de se dire qu’il est encore en vie malgré la pauvreté qui s’abat sur lui. Cette année il se contentera du siège d’un modeste charter aux côtés de ses frères de misère.
Il séjournera dans un pays d’Europe. L’Espagne, voire l’Italie. La Grèce à la rigueur. Mais guère plus. Ce sera surtout un voyage symbolique. On se forçant un peu il pourra se croire vraiment en vacances.
Vacances de crise.
Après tout il n’en mourra pas. En tout cas, il s’en persuade. Au passage saluons sa grande sagesse, son détachement, son sens des vraies valeurs...
Voici, résumée sans voyeurisme mais dans sa vérité la plus crue -même si elle dérange-, la vie difficile d’une victime de la crise aujourd’hui en France.
Honte à nos hommes politiques insensibles qui de leurs tours d’ivoire ignorent les larmes du peuple ! Malheur aux patrons qui licencient à tour de bras, jetant des hordes de travailleurs dans l’arène des souffrances sociales sans fin ! Je ne la souhaite à personne cette terrible, affreuse, hideuse précarité qui provoque tant de suicides dans notre pays ! Pour les sans-emploi dévorés par la crise, c’est la mort assurée. Les licencieurs n’imaginent pas les préjudices qu’ils font subir à leurs ex-employés ! Imposer à ces gens une existence de crise, cela équivaut à les tuer !
Bref, Paul Rabier survit.
Il survit héroïquement, silencieusement, dignement.
Paul Rabier, un nom, un numéro d’URSSAF, un anonyme.
Un malheureux parmi tant d’autres en France.
VOIR LA VIDEO :
http://www.dailymotion.com/video/xrzgma_pauvrete-raphael-zacharie-de-izarra_news
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