Ils m'appellent "le naïf" en riant parce que j'aime les étoiles plus que leurs babioles d'or et de feutre fin. Avec mes rêves doux et étranges, je passe pour un idiot, un sot sans le sou, un enfant de bohème, un pauvre imbécile sans avenir.
Je donne du prix aux songes, au firmament, à l'Amour. Ils se croient meilleurs et indispensables sous prétexte que leur trésor à eux tient dans un coffre, que le mien tient dans la tête.
J'ai des scrupules, de la dignité, plein de noblesse : on me dit faible, stupide, sans ambition. Indifférent à leurs modes vestimentaires, à leurs vanités intellectuelles, je ne jure que par la Poésie. Cela ne vaut rien sous leurs chapeaux bien taillés, aussi se permettent-ils de cracher sur ma face éclatante de bonté. La vertu les fait exploser de rire. Leurs vices ne me touchent cependant pas : je plane loin au-dessus de leurs noires certitudes. Mon regard se perd dans le zénith. Eux, me reprochent de ne pas aimer l'argent, l'artifice, le profit, d'être inutile avec mes visions lunaires.
Ils m'appellent "l'idéaliste" avec un air supérieur parce qu'ils ont une assurance-vie, une voiture puissante, une situation, un coeur dur, et que moi je n'aspire qu'à rejoindre les astres, ne crois qu'en mes hauteurs, n'aime que ce qui est grand, beau, immortel.
Moi le "naïf", "l'imbécile", "l'idiot", le "pauvre type", quand je les salue avec mon sourire tendre et niais, leurs rires gras redoublent et ma face blanchit encore un peu plus.
Ils m'appellent "le naïf" avec mépris, les poches pleines, le coeur vide, car depuis longtemps ils ont oublié les sons purs et glorieux de mon vrai nom.
dimanche 20 mai 2007
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