Je monte à la Lune. Le disque tourne, devient potiche céleste, se laisse encenser puis ensemencer avant de disparaître dans les nues en friches. Dès maintenant tout est possible. Nous pénétrons sur les terres floues et fantasques de la langue qui s'écrit avec des arabesques. Les mots sonnent, les cloches de phrases en phrases s'alimentent : je dis que tout naît, tandis que la Lune s'élève et qu'un pot de fleur s'écrase sur ma tête.
Je monte d'un cran. Les mots ont l'éclat de l'imposture. Un feu plein d'azur éblouit le profane. Ces mots qui sont de brillants mensonges, je les lustre à la Lune, les cire à la semelle et un peu de vent s'en mêle. Là, tout devient solennel. Texte éculé qui trompe papillons, pachydermes et même statues ! Défense d'y voir clair sous peine de plomber les ailes d'airain ! Le zèle est en zinc, le marbre est de bois, la coupe est pleine.
Je monte à la mer. Le voile s'épaissit mais les sots y voient une voile qui file au gré de l'onde. Mâts démontés ? Mots d'antan ? Qu'importe ! Vagues démonstrations dans les brumes du langage qui arrangent bien les choses... Je laisse libre cours à l'écume de l'ignorance. Je fais le beau, on m'applaudit. Ma plume avec brio raille, les laudateurs me disent bravo ! Je me moque de ceux qui me glorifient.
Mais cessons déjà le jeu...
Mes amis, ne gobez pas tout ce qui brille sans en jauger de près l'éclat. Les mots peuvent être des pièges subtils qui n'ont d'autre but que de noyer les naïfs dans une jolie fumée. Méfiez-vous surtout des mots solennels qui sonnent comme des barriques. Le vrai poète use avec parcimonie des artifices et consens à dire simplement toute chose à portée de coeur. Le mirliton ajoute des cordes à son luth, l'inspiré est plus arcadien. L'un est verbeux, l'autre verveux.
Amis, ne croyez jamais ces poètes qui vous racontent des sornettes belles comme des oriflammes.
dimanche 20 mai 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire